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Vendredi 1er décembre, je fais un contrôle de mes marqueurs : ils ont augmenté. A peine deux points, j'aurais préféré le sens contraire mais je ne pense pas qu'il faille que je m'alerte pour une fluctuation aussi minime.
Pour ma tranquillité d'esprit, c'est raté !
Samedi 2 décembre, dès que Sévérité arrive, nous allons en repérage pour ses cadeaux de Noël. Puis je rejoins Guillaume pour déjeuner au restaurant afin que nous parlions. Notre discussion se passe bien, sans heurts car comme d'habitude, j'absorbe tous ses propos, tous ses reproches sans répliquer. Il me faut toujours un laps de temps pour analyser et digérer. En résumé, je dois lui ficher la paix.
Il a gagné, je ne l'ennuierai plus, je resterai sagement dans mon coin.
Le soir, nous faisons un bon petit repas pour souhaiter la fête de Séverine avec un peu de retard pour cause de planning puis nous regardons "la maison du bonheur", un film grâce auquel je peux me détendre et rire un peu.
Dimanche 3 décembre, nous emmenons Papy et Mamie l'après midi pour fêter les trois ans de Gaël alors que Séverine repart à Sisteron.
Les parents et grands parents d'Emilie sont également conviés. Le goûter se passe bien. Gaël refuse d'abord de dire bonjour puis appâté par les paquets cadeaux, distribue un bisou à chacun d'entre nous.
Lundi 4 décembre, j'ai la visite d'un ouvrier pour mon portail. Il est envoyé par mon propriétaire. Les travaux devraient être effectués avant les fêtes, il y a un mieux !
Je passe la matinée à faire du ménage, je finis le dos cassé, les jambes douloureuses et le bras en compote.
Roselyne m'avertit par mail qu'elle souffre d'un gros kyste au sein. Je tente de la rassurer mais je connais son angoisse, rien ne calme cette angoisse.
Je confectionne des menus pour le repas de Noël, le plus difficile est de rechercher des intitulés originaux pour chaque plat.
Mercredi 6 décembre, j'entame l'écriture de mes mémoires. Il y a de bons épisodes à raconter mais de très douloureux aussi. J'ai souvent les larmes aux yeux. J'espère que ça va m'aider à construire mon petit pont.
Jeudi 7 décembre, je suis plongée toute la journée dans mon récit. Ça bouillonne fort dans ma tête. J'ai très mal dans le bras et les cervicales. J'abuse un peu trop ! Je me réconforte avec un chocolat chaud en milieu d'après-midi
Samedi 9 décembre, je termine ma narration. Sur le moment je me sens un peu soulagée d'en avoir terminé. Ai-je réussi à tout vider ? Pour le passé de mon enfance, je crois. Pour le reste, il faudra sûrement que je consulte un psy.
Dimanche 10 décembre, je mets mon blog à jour et j'envoie mes mémoires à ma sœur et à ma fille pour connaître leur opinion.
Lundi 11 décembre, je fais du ménage toute la matinée. Je vais beaucoup plus lentement qu'avant. Et après, j'ai mal au bras. Je continue le tricot pour Hugo, mon futur petit fils.
Là aussi, c'est au ralenti !
Mardi 12 décembre, je parviens à faire entrer Trouillette, notre chatte sauvage qui vit dehors depuis quatre ans. Elle nous chante un bel opéra mais bizarrement elle n'a pas trop peur de nous. C'est la première fois que nous réussissons à la prendre dans les bras : d'accord pas plus de dix secondes ! Elle se laisse néanmoins caresser. Il y a des moments où elle se cache pour dormir. Puis elle se réveille et miaule de plus belle. Pifou, son frère est assez jaloux.C'est un matou qui pèse 9kg6. Maya leur mère boude un peu à cause de l'intrusion de sa fille. C'est leur territoire !
Mercredi 13 décembre, Trouillette a passé sa première nuit au chaud.
Emilie et Gaël passent nous faire un petit coucou en revenant de chez le médecin.
J'arrache un bisou pour le bonjour et j'ai droit à un autre pour au revoir car le père noël vient à mon secours.
Je cherche tout l'après midi une tenue pour les fêtes : trop cher ou trop moche ! Je reviens les mains vides, j'ai fait des économies !
J'ai eu un message de Marie, ma consoeur de Belgique, je crois. Elle parle le même langage que moi. Ça me rassure d'être comprise, j'ai parfois l'impression d'être en décalage avec les autres.
Jeudi 14 décembre, je libère Trouillette pour la journée, nous verrons ce soir.
Je vais en courses, seule, j'en ai beaucoup à faire car il y a la nourriture pour le jour de Noël.
Je reviens toute tordue à cause du dos et mon bras a doublé, enfin j'ai cette sensation.
Sur les conseils de mon dentiste, je cherche un gratte langue afin d'éliminer les bactéries dans ma bouche. J'ai sans cesse la bouche pâteuse depuis la chimio. Eh bien, ça fait déjà quatre grandes pharmacies qui n'en ont pas et qui ne peuvent en avoir. C'est pourtant un objet tout bête, tout simple. J'ai essayé avec la brosse à dent mais j'ai des hauts le cœur, c'est horrible. Les vomissements, j'ai donné !!! Merci !
Vendredi 15 décembre, rendez-vous avec l'aspirateur, la serpillière et le plumeau.
Le soir, Wilfried et moi organisons un concert de "aïe" dès que nous bougeons. Chacun de nous a le nerf sciatique qui se bloque. D'accord, j'en ai peut-être un peu trop fait aujourd'hui, mais ça sent quand même la pluie….
Samedi 16 décembre, effectivement il pleut ! J'ai passé une mauvaise nuit, les douleurs m'ont tenue éveillée. Je suis cassée en deux ! Un bonne douche bien chaude me remet en selle jusqu'à l'heure du déjeuner où là je dois prendre un antalgique, je ne tiens plus mon dos.
J'ai une petite cocotte minute, première génération, c'est-à-dire, celle où il faut serrer à mort le couvercle. J'en ai une grande "clipso", c'est formidable, il faut juste appuyer sur le bouton et ça ne fuit pas de partout ! Pour deux, elle est dix fois trop grande, c'était bien du temps de ma grande famille. Donc vu l'énergie de mon bras droit, il va falloir que je songe à racheter une petite "clipso". J'enverrai la facture à la sécu, on ne sait jamais !!
Ça fait quatre mois aujourd'hui que j'ai arrêté la chimio. J'ai maintenant une coupe de cheveux à la "Zizi Jeanmaire". En fait, ils ont surtout poussé en épaisseur sur le dessus de la tête. Je ne suis pas encore prête pour un concours de miss !
J'ai toujours des problèmes digestifs. Il y a des jours où c'est l'estomac qui tiraille tout ce qu'il peut, sans raison valable. D'autres jours, ce sont les intestins qui se dérèglent complètement sans réel motif. Je fais pourtant attention à ce que je mange mais je crois qu'il faut le temps que tous ces viscères se régénèrent……. La chimio n'a pas anéanti que crabus ! Pourvu qu'il ne revienne pas celui-là car j'ai des gargouillis inquiétants dans le ventre (et si c'était un panier de crabes ?) qui intriguent Maya, ma chatte.
Dimanche 17 décembre, nous allons déjeuner chez Guillaume pour fêter son anniversaire. J'ai déjà un fils de 28 ans ! Je me sens toute vieille d'un seul coup ! Emilie lui offre un fauteuil de bureau : il est ravi.
Gaël nous fait une démonstration pour la réalisation de son puzzle : il se débrouille très bien.
Lundi 18 décembre, chiffon à poussière, aspirateur et serpillière triplent mon bras : il faut pourtant bien nettoyer, mes chats se chargent de salir ma maison. J'en ai la nausée tant il me fait souffrir.
Mardi 19 décembre, j'écume ma penderie afin d'y trouver une tenue pour les fêtes. Rien ne me plaît, je me sens mal à l'aise dans ces vêtements.
Je prépare mon mail collectif pour Noël.
Mercredi 20 décembre, je vais déjeuner avec Laurence. Je lui offre un calendrier sur l'Egypte en attendant que l'on puisse s'offrir notre croisière….si un jour mon vœu se réalise !
Je fais à nouveau le tour des magasins au cas où je verrais "le" petit haut qui irait avec ma jupe noire……..rien à faire, je n'ai pas la tête à ça. A chaque fois que je suis prête à essayer le vêtement, au dernier moment je le repose, prise d'une angoisse, je ne sais pas de quoi.
Jeudi 21 décembre, je récupère enfin un gratte langue ! Ça me donne un peu la nausée: ne pas s'en servir après manger !!!
Je me décide enfin pour un tee-shirt à dominante turquoise en élasthanne (pour le confort de mon bras), à prix raisonnable. Malgré cette acquisition, je suis toujours mal dans ma peau, toujours cette appréhension inexpliquée. Peut-être qu'inconsciemment je pense au 30 décembre, jour fatidique l'année dernière où j'ai découvert ma "petite boule" dans le sein.
Et si c'était mon dernier Noël ?
Mon bras et mon sein me font souffrir en permanence. Et maintenant ce sont les cervicales qui se manifestent joyeusement. En fait la douleur remonte jusqu'à l'épaule et s'attaque ensuite aux cervicales. Et si c'était la tumeur qui se propageait ? J'y pense, c'est plus fort que moi. Comment faire pour ne plus penser à ce crabe. Les gens me disent, tu es guérie maintenant ! Je ne me sens pas guérie ! Désolée ! D'autres me voient déjà retravailler, moi pas, je n'aurai pas la force physique ni mentale, c'est trop tôt ! Demande t-on à un noyé qui vient d'être sauvé in extrémis de replonger immédiatement dans le grand bassin ? J'ai la sensation que les gens qui m'entourent ont tiré un trait sur ma maladie, pour eux c'est fini et je dois redémarrer au quart de tour, comme avant…J'ai été forte moralement durant mes soins aussi ils m'ont collée cette image de "super woman" ! Désolée de craquer maintenant ! Laissez-moi le temps de réapprendre à vivre….
Comme le dit si bien ma consoeur du nord, rien n'est comme avant ! Et plus jamais rien ne sera comme avant ! Nous, nous aurons toujours une épée au dessus de notre tête, eux non !
Mais c'est normal qu'ils ne comprennent pas, seules des crabusettes peuvent comprendre !
C'est comme pour les cheveux : je trouve que ça ne pousse pas vite ! J'espérais tant avoir une tête "normale" pour les fêtes. Il faudra que je me contente de cette toison pleine d'épis qui me renvoie encore l'image de la maladie. Je me trouve laide avec cette coiffure……….pourtant les autres me disent gentiment que ça me va bien ! Moi, je ne me plais pas!! Je voudrais des cheveux "comme avant" !!!
Dès le début de l'année 2007, j'envisage une thérapie chez un psy. Je crois que je ne pourrai pas réussir à m'en sortir indemne sans un soutien psychologique. Un suivi psychologique devrait logiquement être inclus dans le protocole de soins après la chimio et la radiothérapie.
Vendredi 22 décembre, je mets de l'ordre dans mes comptes et je me repose. Il faut que je sois en forme demain.
Samedi 23 décembre, Séverine arrive en fin de matinée. Nous faisons les dernières emplettes en nous frayant un chemin parmi la foule.
Le soir, nous allons chez les grands-parents. En raison de leur planning, nous avons avancé la date du réveillon au 23. La soirée se passe très bien. Le repas est délicieux, l'ambiance est chaleureuse. Il y a mes trois enfants, mon petit fils, mon père et ma belle-mère ainsi que sa fille et son gendre. Gaël fait la distribution des cadeaux dès que le père noël est passé. C'est un jeu pour lui, il est heureux comme tout. Je suis très gâtée : CD, DVD, calculatrice, livres, chocolats, laine et épilateur, ustensile indispensable après chimio !!
Je joue à la dînette avec Gaël qui me prépare des gnocchis, son plat préféré.
Dimanche 24 décembre, nous allons chercher une écharpe magique pour ma belle sœur qui a envié celle offerte à Emilie. Nous lui apportons dans l'après midi. J'y joins mon livre "crabus", elle souhaite le lire, elle a déjà lu mes mémoires.
Le soir, Wilfried, Séverine et moi refaisons un mini réveillon avec des bons petits plats.
Pour finir, nous regardons Dany Boon en DVD, cadeau du père noël : nous rions bien. On ne se couche pas trop tard, je suis fatiguée, ma colonne vertébrale est légèrement tordue…
Lundi 25 décembre, après une bonne nuit, ça va mieux. A midi, on se nourrit à nouveau de bonnes choses, pas trop indigestes, le foie commence à se rebeller !
Séverine repart dans l'après midi, la fête est terminée.
Mardi 26 décembre, je fais des affaires : j'achète une couette plus grande pour mon lit avec 40% de remise. La mienne est trop petite et mes chats m'en prennent la moitié la nuit !
Mercredi 27 décembre, je commence un pull pour Gaël.
Jeudi 28 décembre, je découvre les joies du dégivrage avec un bras "pas comme avant" !! Il a gelé cette nuit, il y a un petit brouillard qui empêche le soleil de faire fondre le givre sur le pare brise. Je dois donc utiliser la raclette. De la main droite, c'est un vrai supplice ! Je me sers donc de la main gauche mais je caresse le pare brise plus que je ne le gratte ! Heureusement le dégivrage de la voiture fonctionne bien !! Faut pas que je sois pressée, c'est tout !!
En faisant des pauses régulières, je parviens tout de même à tricoter dans l'après midi. J'emploie de grosses aiguilles !!
Ce matin, Wilfried a eu un entretien d'embauche pour être réceptionniste dans une résidence de tourisme qui loue des petits mazets, à Saint Rémy de Provence. Réponse dans les prochains jours. Pourvu que ça marche cette fois !
Vendredi 29 décembre, je vais rendre visite à Françoise, une amie qui garde sa petite fille de 6 mois pour les vacances. Elle est mignonne comme tout. Mon doigt est le jouet idéal pour se faire les dents !!
Samedi 30 décembre, je repasse une grande housse de couette neuve que je viens de laver : elle est pleine de faux plis. Ensuite je dois l'enfiler sur la couette : c'est là que l'on rigole !! On consulte le petit livret "vivre comme avant" et bizarrement rien sur le chapitre, c'est pourtant un acte banal !! En bref, après dix minutes d'acharnement, j'ai fracassé mon bras !! Un massage avec du voltarène s'impose…
Je commence à recevoir des vœux de bonheur et de meilleure santé pour la nouvelle année. Pourvu que tout le monde soit sincère afin qu'ils se réalisent !
Dimanche 31 décembre, je monte à Paris en TGV avec Séverine. Mes amis nous accueillent sur le quai de la gare sous un ciel gris et pluvieux. La joie de les revoir chasse ce climat morose. Son fils aîné amène son petit fils l'après midi. D'emblée il adopte Séverine et ne la quitte plus d'une semelle.
Cathy a invité sa maman, son oncle et une amie de sa mère pour le réveillon. La moyenne d'âge n'est pas très jeune mais c'est quand même la fête, ils forment une joyeuse famille. Son mari, Gérard, est adorable. Les 12 coups de minuit m'arrachent une petite larme, une bouffée d'émotion... Le repas est très bon, je n'arrose pas trop vu les réticences de mon foie ! Nous nous couchons à 3H30 du matin, dormons 5H : ce n'est plus de mon âge ! Il y a quand même de la jeunesse dans la maison car il y a toujours un de ses quatre enfants qui rentre ou qui sort avec un copain ou une copine.
Et les voisins qui viennent souhaiter la bonne année. Ambiance chaleureuse assurée chez Cathy ! Il y a toujours quelqu'un avec qui papoter ! |
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