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CRABUS
31 janvier 2006

III - Janvier 2006

anim5571

Je rentre le 1er janvier après le déjeuner, je suis très fatiguée. Nous n'avons pourtant pas fait d'excès au réveillon ! Je m'endors même pendant une ou deux secondes au volant sur l'autoroute, je me retrouve sur la voie de gauche, je ralentis et je reprends mes esprits. Pendant des kilomètres et des kilomètres, je ne trouve aucune aire où je puisse boire un café, c'est toujours comme ça !

Le 2 janvier, je prends RV avec le gynéco, le Dr G.

Le 6 janvier, je consulte : il y a bien "un petit kyste" : il bouge bien, il me fait mal, ça ne paraît pas bien méchant……………..ma dernière mammographie date de juin 2004, la dernière palpation des seins date du 20 Octobre 2005 avec ce même gynéco qui n'a rien senti à ce moment là.

Je repasse une mammographie le 10 Janvier : le kyste n'est pas visible à la mammo mais on le retrouve à l'échographie : il mesure 1,7 cm environ, il n'a pas l'air bien méchant !!!!!!!!!!!!

Je consulte mon amie médium  qui voit "un petit kyste" et une petite ouverture sur le sein (elle ne voit pas la gravité, elle qui parfois distingue un tout petit rien !) je suis donc confiante !

Le mardi 17 janvier, je rentre en clinique pour retirer ce petit kyste sous anesthésie générale (initialement une anesthésie locale était prévue mais j'ai eu peur de souffrir inutilement).

Je pèse alors 52 Kg600.

L'intervention se passe bien, je rentre chez moi le soir même. Je dois avoir les résultats d'analyses de la biopsie dans une semaine. J'appelle le Dr G. le lendemain matin qui me dit avoir de grandes réserves sur les résultats : une petite voix déclenche une brève angoisse mais je la chasse très vite.

J'ai deux pansements dont un sur le ventre : on m'a aussi retiré un gros grain de beauté pour analyse. Je l'ai depuis ma naissance, c'était ma marque de fabrique ! Les résultats sont négatifs.

Ce même jour, je reçois un courrier assez surprenant : Daniel K. un vieil ami de Compiègne cherche à reprendre contact avec moi. Je corresponds toujours avec sa mère pour la nouvelle année.

Le vendredi 20 Janvier, je rappelle le Dr G. car je souffre de mon bras droit, est-ce normal ? Il demande à me voir.

Il me reçoit, embarrassé, ne sachant comment me parler : il a déjà reçu les résultats de ma biopsie : "ils ne sont pas bons"……………; mais encore ? "Pas bons du tout "………………..

Une pointe d'angoisse surgit.

Il examine mon sein, la cicatrice est belle…………

Je m'assois et il se décide à me donner le verdict : j'ai un CANCER !

Je ne comprends pas ………………; il me suivait de près ! Lui non plus ne paraît pas comprendre et se dit surpris !

Les explications commencent : ce qu'il a découvert lors de l'intervention : un méchant cancer de grade  III, un "carcinome canalaire infiltrant in situ" 1,8 cm qui évolue très vite, qui se propage très vite (par la suite j'ai su qu'il a pu doubler en 3 mois) ce qui explique qu'en octobre, on n'ait rien décelé au palper, trop petit………

Plus il avance dans ses explications plus j'ai la sensation que le ciel me tombe sur la tête : c'est IMPOSSIBLE ! Pas moi ! Et pourquoi moi ? Je ressens une profonde injustice : je ne fais jamais d'excès, je ne bois pas, je ne fume pas, je ne mange pas gras et en petite quantité, je n'ai pas une vie de débauchée, loin de là, alors pourquoi ? Qu'ai-je fait pour mériter ça ?

Il m'annonce tout ce qui peut découler de ce cancer : du meilleur (si on peut dire) jusqu'au pire.

Il faut réopérer pour faire un curage axillaire afin de déterminer si le crabe s'est propagé au-delà de la tumeur : s'il ne trouve pas de métastases dans les ganglions sous le bras ni dans le sein, je n'aurai "que" de la radiothérapie…………………

Si des métastases sont découvertes dans les ganglions, il y aura chimiothérapie et radiothérapie.

Si le sein est également touché en profondeur, il faudra retirer le sein en plus de la chimio et de la radiothérapie.

Il m'explique encore et encore, je n'entends plus rien, seul les mots cancer et chimio résonnent dans ma tête : je tremble, j'ai mal au cœur, je vais m'écrouler !

Ce n'est pourtant pas le moment : Wilfried (mon fils cadet) a lui aussi des problèmes de santé: il s'est fait deux hernies discales en portant des amplis lors d'un stage. L'incompétence de certains médecins a aggravé la situation : il doit subir un "blood patch", genre d'auto transfusion dans la colonne vertébrale car un rhumatologue a raté ses deux dernières infiltrations et a causé une brèche durale. Et, c'est justement ce même jour, dans deux heures que je dois emmener Wilfried à la clinique ; pas question de lui avouer mon cancer avant cette intervention, il doit être détendu pour que ça réussisse.

A la clinique, alors que j'attends de pouvoir rejoindre Wilfried en salle de soins, Guillaume (mon fils aîné) m'appelle sur mon portable : je ne veux rien lui dire non plus, pas par téléphone ! Il me pose plein de questions auxquelles je ne peux me dérober, j'ai trop besoin de le dire à quelqu'un ! Je lui dirai seulement que c'est grave et qu'il faut qu'il passe me voir avec Emilie (sa compagne), que je dois leur parler : il a compris……………

Je retourne vers Wilfried, j'essaie de ne rien laisser transparaître mais je ne peux rester en place, j'arpente la salle : Wilfried pense que je suis inquiète pour lui mais pense que c'est un peu trop, que je suis bizarre. Dans ma tête, résonnent toujours Cancer, Chimio !!!!!!!!!!

Bizarrement, l'éventualité d'un sein en moins m'affole moins que l'idée de perdre mes cheveux…….

La transfusion terminée, sur le chemin du retour, j'apprends la triste vérité à Wilfried : ça y est, je ne suis plus seule à porter le fardeau ! Je tremble de plus en plus, je ne sais plus où j'en suis ! Je suis en colère contre le monde entier ! J'ai envie de hurler ! Une véritable révolte intérieure ! Je tremble mais impossible de verser une larme.

Je téléphone à la famille (mon père, ma sœur) pour leur annoncer le verdict : tout le monde est stupéfait ! Personne n'aurait imaginé un tel drame !

Insomnie toute la nuit……………!

Le lendemain matin, je suis dans un sale état, je n'arrête pas de trembler : je contacte la secrétaire du gynéco qui doit faxer une ordonnance à la pharmacie pour un anxiolytique : le fax n'arrivera jamais, ça ne fonctionne pas ; la pharmacie ne veut pas me délivrer le médicament sans ordonnance : nous sommes samedi midi, le cabinet médical est fermé : je craque, je pleure, ENFIN !!! La pharmacienne me donne mon "Lexomil"……sans ordonnance !

Je n'ai pas encore annoncé la nouvelle à Séverine qui est seule à Sisteron : après avoir avalé ma pilule miracle, je me calme un peu et je l'appelle, je ne sais comment m'y prendre pour lui dire : finalement je la fait pleurer, elle est choquée : elle fait sa valise et arrive.

Lundi 23 janvier, je retourne voir le gynéco avec Wilfried car j'ai zappé la moitié des informations qu'il m'a données le vendredi, je mélange tout, il ne reste que Cancer et Chimio !

Moi qui suis assez réservée d'ordinaire, j'éprouve le besoin viscéral de crier à tout le monde que j'ai un cancer, comme si ça me donnait le pouvoir de le dénier ! Je contacte tous mes amis, j'ai besoin de leur dire, il me faut des branches auxquelles je puisse me raccrocher.

J'appelle Gérard,mon mari dont je suis séparée qui réside en Picardie : il paraît touché………: il me dit qu'il va descendre à Entraigues dès ma sortie de la clinique pour m'aider ………………!

J'ai encore huit jours devant moi avant la deuxième intervention : je veux me préparer, au cas où……………….je remplis le congélateur et le frigo pour Wilfried, je fais le ménage, même les carreaux, je m'occupe de mes papiers : que de démarches administratives ! Il faut des tonnes de papiers pour monter un dossier sinon l'administration n'est pas satisfaite !

Je vais à la sécu après avoir constitué un dossier avec le docteur, puis je retourne voir ce même docteur car il manque un papier, j'attends partout………….Je me renseigne pour savoir si j'ai encore des droits pour les indemnités journalières car mon capital est déjà bien entamé avec mon dos. Le service social à la mairie, la banque, la mutuelle, etc.……..Je cours partout, il faut que tout sois en ordre, je veux partir l'esprit tranquille.

Je suis très optimiste, je n'imagine pas que ce crabe soit passé derrière la barrière des ganglions, et j'accepte une autre opération sans appréhension, à près tout, j'en ai vu d'autres avec les opérations du dos et je m'en suis sortie !

Je sais que je vais avoir des difficultés pour bouger mon bras après l'opération : je cherche des pyjamas pour aller à la clinique : pas n'importe quel pyjama : il faut un pyjama avec une veste qui s'ouvre complètement sur le devant : GALERE ! Ce sont les soldes, il n'y a plus rien dans ma taille et ce n'est pas un modèle qui court les magasins ! Faut dire que c'est un style un peu pantouflard et pas très sexy !

Idem pour la recherche de brassières : je ne peux plus enfiler un soutien gorge, l'armature touche la cicatrice et m'irrite et je ne supporte pas de rester les seins ballants, ils ne sont quand même pas de toute première jeunesse et ça pendouille un peu !!

Je me rends compte que rien n'est prévu pour faciliter la vie de toutes ces femmes atteintes d'un cancer du sein !

31 janvier, deuxième intervention qui consiste à pratiquer un curage axillaire et une mastectomie partielle : tout se passe bien.

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