Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CRABUS
6 novembre 2007

LE VOYAGE de Crabusette

DO4174_37

Jeudi 18 Octobre

 

C’est jour de grève sur tout le réseau ferroviaire. Aucun train ne circule sur l’axe Marseille/Paris.

En principe, le trafic devrait redevenir normal demain dans l’après-midi.

J’angoisse tout de même un peu, je remonte sur Roissy demain,  pourvu que mon train ne soit pas annulé, il ne manquerait plus que ça !

Après bien des hésitations, j’ai enfin terminé ma valise. Tout un casse-tête ! Comme tout voyage organisé, je vais emprunter un avion charter et le poids des bagages est limité. En l’occurrence, je n’ai droit qu’à 15 kg dans la soute et 5 kg pour un bagage à main.

15 kg, c’est peu ! D’abord, il faut soustraire le poids de la valise. Pour cette dernière, il faut compter entre 6 et 9 kg vide. Mon père m’a prêté une valise rigide, bien résistante aux chocs pour le voyage en soute, mais en compensation bien lourde !

Je me rabats donc sur ma valise souple bien plus légère mais un peu plus petite.

J’ajoute un sac de voyage que je garderai avec moi en cabine : là, il faut bien choisir ce qu’on veut transporter, tout n’est pas autorisé, sécurité oblige.

Je ne suis pas loin des poids autorisés. Pourtant, j’ai l’impression d’avoir limité ce que j’emmène.

Il faut tout de même penser que je vais dans un pays chaud. Je vais transpirer la journée pendant les excursions. Il faut donc deux tenues minimum par jour si je veux me changer le soir. Puis, il faut penser à la petite laine pour les soirées qui peuvent être fraîches. On rajoute les chaussures : on va beaucoup marcher, donc des baskets. Des nu-pieds, des claquettes pour reposer les pieds meurtris le soir. Sans oublier des chaussures fermées pour le passage obligatoire à Paris, le grand nord !

Et la trousse de toilette ? Je crois bien que c’est le plus lourd. Et pourtant, j’ai vraiment réduit au maximum en transvasant les gros flacons dans des petits.

Bref, tout ça pour dire que raisonnablement et tristement, je n’ai pas emmené toute ma garde robe.

15H, ma valise est bouclée.

Aux informations, les nouvelles ne sont pas bonnes.

La SNCF qui a initialement prévue une grève de 24H, reconduit le mouvement jusqu’à demain. Ils ne vont tout de même pas me faire ça !

16H, la nouvelle tombe, mon TGV est annulé et aucun train en partance d’Avignon n’est annoncé  pour Roissy demain.

Commence alors le parcours du combattant. J’essaie en vain d’obtenir plus de précisions en appelant la SNCF.

Je tombe systématiquement sur un serveur vocal. Rien de plus agaçant, impossible d’avoir des renseignements fiables.

Je décide de me rendre à la gare pour glaner une information. Peine perdue, celle-ci est fermée.

Il ne me reste que l’option de l’avion pour remonter. Je tente d’obtenir renseignements et billets sur internet. Je suis habituée au site de

la SNCF mais pas à celui d’Air France. Je m’énerve, je n’y comprends rien. J’appelle la compagnie  au téléphone et après avoir tapé 1, 2, 3 et je ne sais plus quel chiffre, j’ai enfin une interlocutrice. Il ne reste plus de place pour un vol Avignon/Orly, tout est complet : normal, tout le monde s’est précipité sur l’avion.

Je me résous à  décoller de Marseille. Bien évidemment, à la dernière minute,  le prix du billet est élevé. Un Marseille/Orly est moins onéreux qu’un Marseille Roissy mais il faut songer au transfert entre les aéroports et je me vois mal trimballer mes bagages, mon dos ne résistera pas, je ne vais tout de même pas arriver en Egypte complètement cassée !

Donc, moyennant une somme rondelette, je choisis un billet Marseille/Roissy pour demain après-midi.

Je suis sauvée, je vais pouvoir partir, c’est l’essentiel ! Emilie, ma belle-fille va m’emmener à l’aéroport car bien évidemment je n’ai pas de train pour Marseille !

 

 

Vendredi 19 Octobre

 

8H, je retourne à la gare TVG pour vérifier que le trafic est bien figé et pour savoir de quelle manière je vais pouvoir prétendre au remboursement de mon billet car il est hors de question que je leur en fasse cadeau, je ne vais tout de même pas leur payer un jour de grève !

Les guichets sont fermés, les trains ne circulent pas, je rentre chez moi bredouille.

14H, en route pour l’aventure !

15H, arrivée à Marignane. Nous sommes en avance, l’embarquement n’est prévu que dans trois quarts d’heure.

15H50, contrôle des bagages et des personnes : je dois même retirer ma ceinture avant de passer le portique de sécurité. Puis fouille corporelle, succincte mais fouille quand même. On ne rigole plus avec la possibilité d’attentats. C’est à la fois rassurant et angoissant.

16H, me voici assise dans un Airbus A-320. Si, je compte bien, il y a 178 passagers. Un seul siège est trempé, c’est le mien ! Bien évidemment, je ne m’en suis rendue compte qu’une fois les fesses humides ! Toutes les places sont occupées aussi j’ai droit à une couverture pliée en quatre pour m’isoler de l’humidité. Je vous vois sourire, c’est vrai, c’est toujours à moi que ça arrive ! Que voulez-vous je suis contre la monotonie !

17H50, l’avion atterrit sans encombre. J’avais acheté des protections auditives spéciales pour l’avion car j’ai toujours les oreilles bouchées après un vol et c’est même assez douloureux.

Je me suis battue pour trouver le mode d’emploi : je dois avoir les trous d’oreilles trop petits ou je ne suis pas douée, pourtant ça paraît simple sur le papier.

Je n’ai pas dû être performante sur ce coup là : je suis sourde comme un pot à la descente d’avion !

Je ne suis pas une habituée des aéroports et encore moins de Roissy. Méfiante, je suis un couple qui était dans l’avion afin d’aller récupérer les bagages. Ils m’ont fait faire trois fois le tour du terminal avant de trouver le bon endroit ! Comme quoi, on n’est jamais mieux servi que par soi-même ! Je suis contente de récupérer ma valise, j’éprouve toujours une angoisse à l’idée qu’elle ne soit égarée.

Première étape franchie, la nuit est courte et agitée.

 

 

Samedi 20 Octobre

 

Lever 3H30 du matin.

Le trajet jusqu’à l’aéroport s’effectue rapidement, la circulation est fluide.

Pour varier les plaisirs, je me retrouve assise sur des sièges humides ; visiblement ils viennent d’être nettoyés mais n’ont pas eu le temps de sécher. J’ai encore les fesses humides !

Le terminal C nous accueille : bien évidemment le stand de Kuoni, l’opérateur qui doit nous délivrer les billets,  est à l’opposé. Petite promenade matinale en compagnie des valises.

Histoire de se dégourdir les jambes ou bien de se réveiller, il faut revenir sur nos pas puis traverser des halls et des halls avant de parvenir à la salle d’enregistrement. Il y a déjà la queue : il faut s’armer de courage et de patience.

Ça y est, les bagages sont enregistrés, les dés sont jetés. Un petit café s’impose,  bien que je sois très nerveuse - excitée est plus approprié.

Embarquement à bord d’un Boeing 797 : il y a trois rangées de sièges. C’est impressionnant tant c’est grand. C’est la première fois que je  foule le sol d’un si gros engin. Je dois traverser tout l’appareil, ma place étant au dernier rang, tout au fond et au milieu de l’allée. Je n’ai pas la chance d’être près d’un hublot, mais mon siège est bien sec !

Bien évidemment, le vol a une heure de retard pour le décollage.

Il est 8H. Nous avons 3684 km à parcourir. 4H10 de vol sont prévues.

Pendant un bon quart d’heure, je me bats de nouveau avec mes bouchons d’oreilles, ils ne rentrent toujours pas dans les trous ! Je les maintiens pour le décollage. C’est bon, j’entends encore un peu.

La vitesse de croisière oscille entre 600 et 900 km/h et nous volons à 11000 m d’altitude.

La température extérieure est de -56° mais heureusement pour nous, il fait bon à l’intérieur.

Un petit déjeuner est servi et je dois reconnaître qu’il est le bienvenu même si le petit pain est un peu rassis.

Des écrans disséminés un peu partout dans les allées projètent un film muet « Harry Potter ». Pour le son, chaque passager  dispose d’une oreillette. J’avoue ne pas être passionnée par ce genre de film.

Je préfère aller admirer le panorama par le hublot des hôtesses. Le désert vu d’en haut, c’est très prometteur.

Je papotte avec ma voisine,  le hasard fait bien les choses, elle fait partie de la " gloire des dieu ", notre voyage.

Nous arrivons à Louxor à 12H10.

Je suis complètement sourde de l’oreille gauche, je ne suis vraiment pas douée avec ces bouchons. J’ai pourtant mâché du chewing gum mais sans succès.

Il fait un soleil radieux et le ciel est d’un bleu " Provence".

Le petit aéroport est bondé. Une foule attend à la douane. Nous patientons sagement. Puis c’est l’attente pour récupérer nos bagages. Le tapis défile inlassablement, offrant une multitude de bagages. Après de longues minutes d’angoisse, j’aperçois ma valise : ouf ! Je vous l’ai dit, j’éprouve toujours un moment de panique pour cette épreuve !

A la sortie de l’aéroport, un guide égyptien nous accueille. Il se prénomme Maamoun. Nous ne sommes qu’un petit groupe de 14, c’est super. Nous empruntons un mini bus d’une vingtaine de places pour nous rendre au bateau.

Ce n’est pas celui initialement prévu, un changement est intervenu trois jours avant notre départ. Pourvu qu’il soit aussi bien que l’autre !

Le trajet est assez court. Des palmiers nous saluent gracieusement. Nous croisons des calèches et des ânes venus d’un autre temps.

De nombreux bateaux sont amarrés côte à côte. Nous devons en traverser certains avant de parvenir au nôtre le " Princess Sarah".

Wouah !!! Honnêtement, il ne faut pas se plaindre ! Le hall affiche le grand luxe !

Nous avons juste le temps de faire connaissance avec notre chambre, de déposer nos bagages et nous voilà déjà sur le pied de guerre, la première visite est prévue immédiatement.

Devant la ola des hommes affamés, le guide se voit contraint de nous accorder une petite heure pour nous restaurer.

15 H, c’est bon, nous avons repris des forces, passons aux choses sérieuses, allons à la rencontre des pharaons…

Premier site visité, le temple de Karnak. Passage obligatoire par un portique de sécurité qui visionne le contenu de nos sacs.

Puis le guide baptise notre groupe « les Ramsès », tout un programme ! C’est mon pharaon préféré !

Commence alors l’émerveillement. C’est grandiose, impressionnant. Deux rangées de sphinx forment une allée d’honneur.

Il y a foule mais je ne vois personne, je suis seule au milieu de ces pierres qui me parlent. La voix de notre guide « égyptologue conférencier » me rappelle dans le monde des vivants. C’est un homme visiblement passionné qui réussit à nous transmettre son enthousiasme. Je bois chacune de ses paroles, c’est fou, je suis là sur le sol égyptien, c’est bien réel ! J’apprends que Ramsès a eu plus de 100 enfants ! Ça me laisse perplexe ! Je photographie mes premiers hiéroglyphes.

Le dieu Amon me fait un petit clin d’œil au passage.

Après avoir déambulé près de deux heures dans le temple, nous remontons dans le bus.

Au milieu de la civilisation actuelle, côtoyant les immeubles récents, se dresse le temple de Louxor. Tout aussi beau et majestueux que le précédent mais comme la nuit tombe dès 17H30, le site est illuminé ce qui ajoute à la magie des lieux. J’écoute à nouveau le guide avec un grand intérêt, il réussit à me transporter dans le temps.

La fatigue commence à se faire sentir. Pourtant, je suis loin de pouvoir me reposer, nous retournons à Karnak pour un son et lumière.

Là, il faut rester debout de longs moments : je suis épuisée mais c’est tellement beau !

Pour clore ce son et lumière, nous nous installons sur des gradins face au plan d’eau devant le temple. Je me laisse bercer par l’atmosphère irréelle et j’avoue humblement que j’ai piqué du nez quelques secondes, happée par les dieux et assommée de fatigue !

Avec le recul, je pense que je n’ai pas apprécié cette soirée à sa juste valeur tant j’étais fatiguée.

A la sortie du temple, un garde dort assis sur une chaise : nous sommes en sécurité !

Retour sur le bateau. Nous nous changeons puis nous gagnons le restaurant. Toujours le luxe, je le trouve très chic et j’apprécie le côté intime. Un buffet appétissant s’offre à nous. Nous nous retrouvons tous autour d’une grande table, c’est bien sympathique. Nous faisons plus ample connaissance, chacun se présentant. Nous venons tous de différentes régions. Seules deux autres personnes viennent du sud comme moi.

La soirée ne s’éternise pas, nous sommes tous pressés de regagner notre lit !

Les couples constatent avec désarroi que les cabines sont pourvues de deux petits lits alors qu’ils avaient demandé un grand lit mais le changement de bateau a tout chamboulé.

Qu’importe ! Ces messieurs déménagent et rapprochent les lits. Au final, le couchage affiche une largeur de deux mètres !

Chaque cabine possède une grande baie vitrée, un petit salon avec télé et fauteuil, une salle de bain, des WC, un coffre fort dans un grand placard, un frigo et l’indispensable clim.

Morphée m’appelle, pas le courage de défaire la valise, je me couche…comme c’est bon de s’allonger !

 

 

Dimanche 21 Octobre

 

Lever 4H45, oui, oui, vous lisez bien !

Heureusement pour nous, le personnel se charge de nous réveiller par téléphone.

Nous nous retrouvons tous dans la salle à manger pour un petit déjeuner copieux et très appétissant. Une multitude de viennoiseries m’attire particulièrement.

Au programme ce matin, visite de la vallée des rois.

Sur le chemin, on peut apercevoir plusieurs ballons multicolores qui transportent des touristes pour survoler le Nil. Ce n’est pas à notre programme, dommage, ça m’aurait bien plu.

Le bus nous dépose à l’entrée. Passage par le sas de sécurité et nous empruntons un petit train pour parcourir quelques centaines de mètres qui nous séparent des tombes.

Il est encore très tôt, à peine 7H, mais il y a déjà de nombreux touristes. Malgré tout, il règne une atmosphère feutrée. C’est envoûtant. Alors que le guide fait son discours, je ressens une immense plénitude, j’ai la sensation de communier avec les lieux.

Nous avons quartier libre pour visiter trois tombes. J’ai la chance de commencer par celle de la reine Taousert. C’est la plus reculée sur le site. Nous ne sommes que trois à l’intérieur. La magie opère d’autant que les parois sont magnifiquement décorées et les peintures encore très bien conservées. Un grand silence règne : c’est magique !

Puis c’est au tour de Ramsès III de nous accueillir. Très belle tombe mais les murs sont protégés par des vitres ce qui retire son authenticité. Nous marchons au pas, tant il y a du monde.

Nous terminons par le tombeau de Ramsès IV. Superbes peintures, superbes hiéroglyphes, superbe plafond mais la magie n’opère plus, il y a trop de monde et la chaleur est oppressante.

Un dernier coup d’œil vers la vallée surplombée par une roche naturelle en forme de pyramide et nous remontons dans le bus.

Nous nous arrêtons un peu plus loin dans une fabrique d’objets en albâtre. On y trouve de l’albâtre usiné, bien poli mais aussi de l’albâtre travaillé à la main, à l’état brut. C’est ce dernier que je préfère, plus authentique. Un thé à la menthe nous est servi mais je m’abstiens, j’ai peur pour mes intestins, je ne veux pas être malade !

Petit arrêt au temple de la reine Hatchepsout,  très bien conservé. Du temple, on peut apercevoir Karnak au loin. La vue est superbe. Il fait très chaud, ma bouteille d’eau est la bienvenue.

Nous reprenons le bus direction les Colosses de Memnon à quelques kilomètres. Le soleil commence sérieusement à chauffer les crânes.

Pour retourner au bateau, nous délaissons le bus et empruntons une petite embarcation qui nous fait traverser le Nil.

 

« Si tu es prêt à franchir le Nil, tu ne risques plus rien »

 

10 H 45, nous sommes prêts pour commencer véritablement notre croisière. Impossible de rester sur le pont supérieur tellement il fait chaud. La climatisation des cabines est alors bien utile. Un peu de repos bien mérité avant le déjeuner tout en admirant les rives du Nil. Le paysage change toutes les cinq minutes. Là, on aperçoit un village composé de maisons en terre. Ici, c’est une palmeraie. Un peu plus loin, on peut apercevoir du bétail, bien maigre. Tout à coup, c’est un bout de désert avec son sable à l’infini. Comme c’est beau ! Je me laisse bercer, je ne suis plus sur terre !

13 H, le déjeuner me sort de ma torpeur. Il y a le choix entre du poulet, du bœuf et du poisson. Des légumes frais, style ratatouille, du riz, des pâtes, des pommes de terres rissolées. Le buffet de dessert offre une variété alléchante pour mon estomac ! A mon regret il n’y a pas de fromages hormis une espèce de chèvre brebis hyper salé qui ne me plaît pas du tout. Bien entendu, je ne bois que de l’eau en bouteille et j’évite le buffet de crudités pourtant bien tentant.

La bonne humeur règne à table. Nous faisons plus ample connaissance chaque jour. Des affinités surgissent entre certaines personnes.

Nous avons du sommeil en retard, une petite sieste est salvatrice après le repas. Je ne parviens pas à dormir, je ne veux rien perdre du paysage qui s’offre à moi.

 

« Noie ton passé dans le Nil et commence une nouvelle vie »

 

15H, nous arrivons à Esna pour passer une écluse. Le bateau s’arrête et une nuée d’autres bateaux s’agglutine autour de nous. Nous assistons à un drame qui vient de se dérouler juste à notre arrivée. Une petite embarcation avec deux jeunes hommes a chaviré, heurtée par le bateau qui nous précède. Les deux jeunes se sont noyés. Une fourmilière afflue vers le Nil. Les femmes toutes vêtues de noir accourent et entament leur chant de pleureuses. Les hommes se regroupent entre eux. Nous sommes mal à l’aise sur notre bateau luxueux à être témoins de ce malheur qui frappe la population.

A partir de 15H30, le soleil est moins chaud, nous pouvons regagner le pont et profiter de la piscine et des transats.

Une petite collation nous est servie au bar à l’autre bout du pont.

Nous ne franchissons l’écluse qu’à 19H30 pendant une petite demie heure. Il fait nuit, l’air est doux. Je suis à l’avant du pont. Non, non ! Je ne me prends pas pour Céline Dion sur le Titanic, je ne chante pas ! Pas d’appareil sophistiqué pour manoeuvrer avec précision, les indications sont transmises au capitaine uniquement à la voix.

20 H, c’est l’heure du dîner. Les plats se suivent et se ressemblent. Je m’efforce de goûter à tout, même au poisson que je trouve succulent. Le buffet de desserts est encore plus alléchant que le midi, il y a plein de gâteaux ! Bonjour la ligne !

Au milieu du repas, les lumières s’éteignent et le personnel du restaurant se regroupe au milieu de la salle en chantant sur une musique orientale pour souhaiter l’anniversaire d’un passager. Celui-ci se joint au groupe pour danser au rythme des tambourins qui redoublent d’intensité. C’est un spectacle bien agréable.

Un petit tour au salon-bar pour discuter un moment et siroter un karkadé, boisson traditionnelle à base d’hibiscus, avant de regagner la cabine et se COUCHER !

 

 

Lundi 22 Octobre

 

Le guide a pitié de nous, le lever n’est prévu qu’à 7 H pour un départ à 8 H.

J’ai mal dormi malgré la fatigue. Je suis réveillée de bonne heure par l’appel de la prière.

Bizarrement, je n’ai pas mal au dos en me levant.

Douche, petit déjeuner et hop nous voilà repartis ! Aujourd’hui, j’ai abandonné mes baskets. Ça fait deux jours que je souffre des pieds tant ils sont en surchauffe. Je rechausse mes nu-pieds bien plus aérés !

Pas de mini bus ce matin. A la sortie du bateau, des calèches sont à notre disposition. Des marchands ambulants nous assaillent de toutes parts.

Nous allons visiter le temple d’Edfou. A la descente de calèche, il faut traverser une "zone commerciale" faite de petites échoppes où les marchands vous accostent durement.

Le temple est très beau, très majestueux. Je fais la connaissance du dieu Horus, celui à la tête de faucon. Le récit du guide est toujours passionnant, c’est un vrai régal. Il y a plein de mouches qui nous taquinent.

J’aperçois des oiseaux qui font leur nid dans les hiéroglyphes.

Puis, il faut regagner la calèche et se frayer un chemin parmi les boutiques.

Je me fais "enlever" dans l’une d’elle par un marchand qui commence à me déguiser en danseuse ! C’est un costume comportant une jupette transparente et un bandeau pour la poitrine, le tout orné de breloques. Je ne suis pas rassurée, il me frôle beaucoup trop pour m’habiller ! Il me fait des compliments et me demande mon âge. Je lui rétorque qu’on ne demande pas l’âge des dames mais il insiste lourdement. Je finis par lui dire 50 ans (je triche un tout petit peu !). Il s’écrit « non, non ! Pas 50 ! 32….et il me tâte le bras pour me montrer que ma chair est encore ferme ! Ensuite il me demande « combien de chameaux ? ». Là, je reste bête, je ne sais pas ce que ça veut dire. J’ai appris depuis…je vaux bien une vingtaine de chameaux tout de même ! Impossible de repartir les mains vides, je lui prends un costume mais ce sera pour ma belle fille, je ne me vois pas là-dedans, même pour une soirée déguisée !

Vite, il faut rejoindre les calèches, je me faufile parmi la foule. Ouf ! Ça y est, je suis arrivée !

Nous traversons la ville. J’aperçois un marché d’un côté, des boutiques colorées de l’autre.

Les ânes côtoient les 404 Peugeot toujours en état de marche et ma foi je dirai qu’elles sont bien conservées pour leur âge.

Nous regagnons le bateau. Nous devons en traverser trois autres avant d’arriver sur le notre. Ce n’est pas désagréable à visiter, il y a de très beaux halls. Il y a des gardes qui assurent la sécurité à l’entrée.

Une boisson chaude nous est servie à l’arrivée. Je pense reconnaître du citron mais je n’en suis pas certaine à 100%.

Un petit repos après le déjeuner alors que nous reprenons la navigation en direction de Kom Ombo. J’admire à nouveau la beauté des rives. Je fais un petit tour dans la boutique qui se trouve sur le bateau. J’achète des cartes postales pour envoyer à tous mes fidèles compagnons qui m’ont soutenue durant ma maladie. Ça en fait quand même 25 ! Je m’installe sur le pont pour écrire. De bonnes âmes m’aident à coller les timbres qui ne sont pas autocollants !

Il fait bon, il y a de l’air, c’est délicieux.

Nous accostons pour la visite du temple de Kom Ombo. Cette fois, c’est la divinité Sobek qui nous reçoit. La nuit commence à tomber, le temple s’illumine, c’est féerique, enfin presque, les moustiques attaquent !

Une soirée orientale est organisée et le déguisement est de rigueur. Je n’ai rien dans ma valise qui puisse faire l’affaire. Me voici à la recherche d’une djellaba dans les boutiques qui sont en contrebas du temple. Je croyais en avoir pour dix minutes et bien j’y passe trois quarts d’heure car impossible de trouver une petite taille ou alors la couleur ne me convient pas. Je finis par en prendre une toute simple, bleue,  pour changer, avec un plastron brodé.

Cette fois-ci, c’est moi la dernière des Ramsès à regagner le bateau : le guide attend impatiemment car nous levons l’ancre pour Assouan.

Grâce à la boutique sur le bateau, je complète avec une petite étole blanche bordée de perles bleues sur mes épaules. En théorie, c’est plus pour entourer le visage mais je suis allergique à tout ce qui peut être mis sur ma tête depuis le port de ma perruque ! Et puis, ici, j’ai retrouvé mes frisettes, sans doute le climat y est propice. J’aime bien mes frisettes…

Une fois prête, je rejoins le groupe au salon bar pour une petite causette et une séance photo du groupe. Nous sommes tous de très beaux "Ramsès" y compris notre guide qui a revêtu son habit traditionnel.

L’ambiance est chaleureuse, je savoure chaque instants !

Puis c’est le dîner : quelques plats orientaux à déguster. Je goûte à tout même si j’ignore ce que c’est !

Retour au salon bar pour les festivités. De la musique arabe est diffusée et tout le monde se retrouve sur la piste de danse. Je n’ai pas dansé depuis des années, je ne me rappelle même plus quand. Depuis, j’ai eu les opérations du dos et ma prothèse. Je me sens empotée, je suis raide et je n’ai plus du tout de rythme ! Je n’ai plus aucun repère. C’est vrai que ce n’est pas sur cette musique que j’ai eu l’habitude de danser mais tout de même, je songe sérieusement à m’y remettre car j’envie l’aisance de certaines femmes. Je doute d'être aussi gracieuse un jour,  mais rien ne m’empêche d’essayer si mon dos le veut bien !

Il est inutile de vous dire qu’à ce moment précis, ce dernier est très présent et se moque ouvertement de mes bonnes résolutions et de mes envies.

La soirée se termine, il est l’heure d’aller se faire bercer par les flots.

 

 

Mardi 23 Octobre

 

Départ prévu à 8 H en mini bus pour le haut barrage d’Assouan. Des soldats gardent l’entrée.

Sur le chemin, on peut apercevoir des universités qui jouxtent le désert.

Grâce à un compagnon de voyage, j’ai la chance d’apercevoir un crocodile dans le lac Nasser à l’aide de jumelles. Je suis contente, j’ai vu mon crocodile !!

Puis nous nous dirigeons vers le temple de Philae qui se situe sur une île.

Nous montons sur de petites embarcations à moteur. Les alentours sont magnifiques. Il y a une riche végétation florissante et très colorée. C’est un petit paradis ! Certains monuments se reflètent dans les eaux, c’est fabuleux ! Isis nous souhaite la bienvenue.

Un chat se prélasse dans le temple au milieu de tous les touristes qui doivent le contourner car il reste allongé sur le sol, stoïque et indifférent aux humains. Je lui fait une petite caresse qui,  je dois l’avouer,  ne lui fait aucun effet !

 Il fait toujours aussi beau et chaud, le ciel est toujours aussi bleu. Il n’a pas plu depuis 10 ans dans le sud…

Le site est enchanteur, une petite perle de beauté.

La visite terminée, nous regagnons le bus à l’aide de notre petite embarcation sur laquelle un marchand ambulant nous livre ses trésors moyennant un ou deux euros.

A l’embarcadère, je surprends un jeune homme égyptien qui plonge une canette de coca vide dans l’eau souillée de gaz oil et qui la boit d’un trait. Sans nul doute, il est immunisé !

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons dans un magasin de papyrus à Assouan.

Une odeur d’eau de rose m’enveloppe en arrivant, ça me rappelle ma petite enfance quand ma mère me nettoyait avec. C’est délicieux.

Une jeune femme nous fait une démonstration de la fabrication d’un papyrus.

Puis, nous déambulons dans la galerie en admirant l’exposition des tableaux.

Je fais l’acquisition de trois papyrus. L’un représente un chat égyptien, ce qui ne surprendra personne.

Les deux autres se complètent : un arbre de vie et un crabe représentant le cancer. Je ne pouvais pas le manquer celui-là !

Retour sur le Princess Sarah pour déjeuner.

Pas de sieste aujourd’hui, nous reprenons un petit bateau à moteur en direction de l’île Eléphantine. La beauté du paysage est enchanteresse. Je suis vraiment au paradis.

Nous accostons sur une dune de sable que des dromadaires foulent nonchalamment. Le sable est d’une finesse extraordinaire. C’est bon d’y enfouir ses pieds. Nous sommes accueillis par des marchands qui ne nous laissent aucun répit.

Nous poursuivons vers un village nubien. Ici, les maisons sont toutes colorées et arrondies. Il y respire un air de propreté et de calme.

Le chef du village, ancien instituteur nous reçoit dans l’unique salle de classe.

Notre petit groupe prend sagement place sur les bancs des écoliers.

L’instituteur entreprend de nous apprendre à prononcer l’alphabet et les chiffres arabes.

Je vous garantis que c’est une bonne crise de fou rire ! Nous avons  beau nous appliquer pour répéter, impossible de rouler les « r » ou aspirer correctement. Après plusieurs lectures, le chef interroge les hommes en les appelant au tableau. Bien entendu, la majorité est incapable de se rappeler ou de prononcer convenablement. Alors, il y a punition : mise au coin et coups de bâtons infligés par la femme. Imaginez le tableau, je vous assure que c’est une franche rigolade et un souvenir inoubliable !

Un thé à la menthe nous est offert dans une maison nubienne en bas du village. C’est accueillant et typique. Dans un aquarium « rustique », on trouve un crocodile vivant et des petits. Il ne me paraît pas très sympathique !

Des enfants nous réclament des stylos mais nous en sommes démunis. Si j’avais su, j’aurais volontiers vidé quelques tiroirs pour leur faire plaisir.

Au retour, nous devons affronter des petits tourbillons dans le Nil, l’embarcation peine mais parvient finalement à retrouver le calme du fleuve.

Des "Ramsès" entament des chansons reprises en cœur par tout le groupe. L’école nous a rendu notre âme d’enfants.

Nous nous séparons sur le chemin, les uns descendent pour se rendre au son et lumière de Philae, les autres continuent jusqu’au Princess Sarah.

Je suis du premier groupe. Nous refaisons le trajet en bus et en petit bateau. Cette fois-ci, il fait nuit et les barques n’ont pas de lumière, c’est peu rassurant car il y en a des dizaines sur l’eau ! Mais nous arrivons sains et saufs sur l’île.

Après la chaleur de la journée, il est plaisant de savourer la douceur de l’air. Un son et lumière est toujours envoûtant, les voix viennent de l’au-delà comme par magie. Je me sens transportée au milieu des pharaons, je peux presque les toucher.

Par contre les moustiques sont bien réels… je suis dévorée ! S’ils savaient que mon sang est gorgé de chimio, les pauvres, ils ne vont pas s’en remettre ! Tant pis pour eux !

Nous croisons à nouveau notre chat, toujours imperturbable au milieu de la foule.

C’est déjà fini, il faut repartir, quitter l’île.

A nouveau, nous glissons sur l’eau en regardant le ciel étoilé et les ombres du temple qui reflètent dans l’eau.

C’est splendide !

La fatigue et la faim nous ramènent vers le Princess Sarah.

Après le dîner, il y a un spectacle nubien. Je croyais voir des danseuses nubiennes, je suis un peu déçue, il n’y a que des hommes qui produisent des numéros façon « cirque » pour enfants.

La bonne ambiance orientale est là malgré tout, c’est l’essentiel. C’est notre dernière soirée à bord du bateau, j’ai un petit pincement au cœur, je resterais bien encore un petit peu…

Je commence à être sérieusement fatiguée, il faut vraiment que je puise dans mes réserves pour garder un œil ouvert et un dos droit.

La musique a cessé, le bar ferme, il est l’heure de retrouver son lit !

 

 

Mercredi 24 Octobre

 

Départ à 8 H pour une ultime promenade en felouque sur le Nil. Nous évoluons sur l’eau, uniquement propulsés par une voile un peu rapiécée, mais une voile quand même.

Nous voguons un bon moment silencieux, chacun dégustant ce moment de sérénité.

Nous accostons au pied d’un jardin botanique luxuriant. D’un côté, on peut apercevoir le désert et nous sommes là, au milieu de ces grands arbres. Le contraste est saisissant.

Nous nous promenons dans les allées ombragées tout en observant les essences qui s’offrent à nous. Je découvre un sycomore, arbre qui revient très souvent dans les écrits de Christian Jacq. J’aperçois des mimosas et des fucus géants. Nos pauvres arbustes français sont ridicules ! Il y a des chats dans tous les recoins. Tout au fond du jardin, la vue est magnifique.

Je n’ose penser qu’il va falloir quitter tout ça.

Nous regrimpons à bord de notre felouque pour le trajet inverse. Je savoure un maximum ces instants pour qu’ils s’imprègnent en moi à jamais.

 

« Reviens à la source du Nil et repart confiant »

 

Une fois à bord du Princesse Sarah, il faut songer à nous préparer pour l’aéroport.

Il faut refaire les valises, la mienne est vite faite, je n’ai presque rien déballé. Il faut juste tasser un peu plus, le linge sale est moins bien plié qu’à l’aller.

Les valises bouclées sont déposées devant les portes des cabines et emportées par le personnel navigant. Un dernier coup d’œil humide et je referme la porte.

Il est d’usage de rétribuer le service du personnel avec un pourboire : le bakchich. Chacun dépose sa petite enveloppe en remerciement car il faut signaler que chaque soir, nous avions une gentille attention sur le lit. Fabriqués à l’aide de nos serviettes de toilette, nous avons eu un cygne, une écrevisse, un serpent et une fleur de lotus. C’était une gentillesse très appréciable et originale.

10 H 45, tous les Ramsès sont regroupés dans le hall pour le départ vers Abou Simbel. Un vent de tristesse règne. Je suis oppressée, je voudrais rester, je suis si bien ici.

D’une démarche nostalgique, je rejoins le bus pour gagner l’aéroport d’Assouan.

Nous arrivons à 11H15. Avant l’enregistrement des bagages, il faut passer le portique de sécurité. Certains d’entre nous doivent ouvrir leurs bagages pour une fouille.

Pour éviter de transporter les bagages à main sur le site d’Abou Simbel, nous les confions à la soute de l’avion avec appréhension car ce sont des bagages qui ne ferment pas à clef.

En attendant l’embarquement, nous grignotons un pique nique fourni par le bateau. : c’est un peu sec mais ce n’est pas bien grave, je n’ai pas vraiment faim, j’ai l’estomac noué. Nous nous offrons un café au bar de l’aéroport : 2,50 € le mini mini expresso !

Pour accéder à l’avion, nous devons emprunter un bus non climatisé, heureusement la distance est courte.

Le guide nous a recommandé de nous placer à gauche de l’appareil pour profiter de la vue.

Tout le monde a bien obéi, personne ne s’installe à droite. Les stewards se voient dans l’obligation de diriger les nouveaux arrivants à droite pour rééquilibrer l’avion. Je n’ai pas été assez rapide, je me retrouve du mauvais côté ! Le trajet ne dure pas plus d’une demie heure et oh miracle ! Mes protections auditives ont fonctionné : je ne suis pas sourde à l’atterrissage ! C’est de bon augure, je sens que je vais apprécier ce site car c’est celui qui m’a le plus marqué dans les descriptions de Christian Jacq.

Premier contact, premier coup d’œil, c’est l’émerveillement. Je suis fascinée par la couleur du lac Nasser. Les eaux sont d’un bleu turquoise étincelant. C’est incroyable de beauté ! Je rêve !

Il y a deux temples. Nous commençons par le plus petit, celui que Ramsès a fait construire par amour pour son épouse Néfertari.

Messieurs, prenez-en de la graine !!

L’intérieur est très bien conservé. Les peintures ont toujours des couleurs chatoyantes après tant d’années. Hathor nous saluent de toutes parts.

A la sortie, un garde m’offre de porter une énorme croix de vie. J’espère que c’est un signe du destin, je le prends comme tel.

Nous traversons une esplanade pour nous rendre au grand temple, celui de Ramsès.

Il fait très chaud, pas loin de 40° à l’ombre. Je ne me lasse pas de regarder le bleu du lac.

Quatre colosses gardent l’entrée du temple. Je suis toute petite à côté.

Au premier pas franchi, je suis comme envoûtée par l’atmosphère du temple. J’ai la sensation d’une présence, d’une force, d’une domination du pharaon lui-même. En cherchant bien, il doit être là derrière cette colonne…

Le visage des statues est très expressif. Le regard semble vivant. J’ai l’impression que leurs lèvres vont s’animer et me parler tant elles paraissent réelles. C’est fantastique, surnaturel, magique ! Dans chaque pièce, les scènes représentées sont plus belles les unes que les autres.

Il faut pourtant quitter les lieux, le timing est là ! Je ressors du temple à contre cœur, je ne voudrais pas abandonner cette extraordinaire sensation de bonheur qui m’enveloppe. Mais heureusement, le lac s’étale devant moi dans toute sa splendeur.

En longeant le bord du lac, une idée s’impose à moi, je voudrais que mes cendres soient répandues ici, dans ce lac. Cette lumière qui auréole tout le site, c’est la lumière qui mène au paradis, c’est ainsi que je ressens les choses. Loin de moi l’idée d’être morbide,  voire défaitiste, bien au contraire : penser que je puisse revenir ici un jour et y rester à jamais c’est une note très positive. Alors, si vous voulez me suivre jusqu’à mon dernier voyage (et là je vous offre un bon prétexte pour venir ou revenir), faites des économies et croyez-moi, vous ne le regretterez pas, ça en vaut la peine ! Je vous rappelle qu’on a prédit ma mort à 92 ans (19/02/07 sur le blog), je vous laisse du temps pour économiser !

C’est donc gorgée d’émotions que je quitte Abou Simbel. Une partie de moi reste sur place alors que nous retournons vers l’aéroport. La première partie du voyage s’achève, la plus belle sans nul doute.

16H30, nous décollons pour Le Caire après fouille et refouille des bagages et des passagers.

Cette fois, je suis assise près du hublot. Je peux ainsi continuer à contempler les eaux turquoises et cette contrée inoubliable !

L’émotion est trop forte, je craque et je pleure à chaudes larmes. Je voudrais redescendre, me cacher derrière Ramsès pour qu’il me protège et ne jamais repartir.

J’ai remarqué qu’un bateau était ancré dans une crique. Les veinards ! Je serais bien tentée par une petite croisière sur le lac Nasser… à méditer et à en toucher deux mots à Crabus pour qu’il me fiche la paix !

L’avion n’est pas très confortable mais le trajet ne dure qu’une heure trente.

Le miracle des bouchons d’oreilles ne se reproduit pas, je suis sourde !

Puis c’est l’arrivée au Caire. Il fait nuit. Notre hôtel, le « Sphinx » situé à l’opposé de l’aéroport nous oblige à traverser la ville, toujours en mini bus. Il est 19H30, la circulation est affolante, le trafic est dense. Il n’y aucun feu, aucun stop mais des klaxons ! Les automobilistes ne respectent absolument pas le tracé des lignes blanches au sol. Ils conduisent vite tout en zigzagant. Le doublement à droite est naturellement dans les mœurs. Les voitures se frôlent dangereusement mais bizarrement on voit peu de tôles froissées. Le plus surprenant, ce sont les piétons qui traversent au milieu des voitures roulant à vive allure sur des voies rapides comme le périphérique à Paris. Et ils arrivent de l’autre côté ! Je me suis surprise à regarder en arrière pour voir si le piéton était toujours debout ou écrasé comme une crêpe !

Au milieu d’un carrefour, un policier censé réguler la circulation, fume nonchalamment, ignorant les véhicules bondés (ils peuvent être 8 voire plus dans une voiture) qui le rasent.

Nous croisons de très vieilles voitures toutes rouillées : ce sont des taxis ! Les Peugeot 504 sont à l’honneur.

19H30, nous sommes devant l’hôtel. C’est le grand luxe. Le hall est immense, on se croirait dans une gare. Il y a plusieurs boutiques et une banque. C’est trop grand pour moi, trop impersonnel, j’ai la nostalgie du bateau et du sud !

Nous récupérons nos valises et nous allons à la découverte de nos chambres. Evidemment, celles-ci sont somptueuses. Deux grands lits, une terrasse et une salle d’eau en pierre qui me plaît beaucoup. Des rangements, deux fauteuils, un frigo, un coffre-fort et la télé complètent le décor.

On se change et hop, direction le restaurant. Nous sommes répartis sur des tables de quatre. Il y a un très grand buffet, bien garni et appétissant.

Une petite causette au bar pour finir la soirée où un chanteur égrène quelques mélodies.

Le sommeil nous gagne, nous allons tester notre nouvelle literie.

 

 

Jeudi 25 Octobre

 

Départ 8H pour la visite de la mosquée de Mohamed Ali.

J’ai pris la précaution de ne pas arborer de décolleté. Peine perdue, mes bras sont nus, je dois endosser une grande cape verte pour me couvrir. Tout le monde se déchausse.

Maamoun nous fait un petit cours très intéressant sur l’Islam.

Malgré la foule, on éprouve le besoin de se recueillir.

Nous apercevons la pendule offerte par la France en échange de l’obélisque qui trône place de la Concorde.

Elle ne fonctionne pas et n’a jamais fonctionné, c’était un cadeau empoisonné !

Puis, c’est le moment attendu, les souks ! Sur les conseils du guide, je me suis abstenue d’acheter les petits cadeaux dans le sud, les souks devant regorger d’une multitude d’objets les plus insolites les uns que les autres, très bon marché.

Quelques "Ramsès" décident d’arpenter ensemble les rues de Khan El Khalili. Nous débutons par des ruelles dégageant une atmosphère très pittoresque. Tout est coloré et gai. La diversité de flacons qui ornent les étagères d’une parfumerie est impressionnante.

Chaque quartier a sa spécialité. Il y a le quartier des bijoux, celui des vêtements, celui des épices, celui des tissus.

Au milieu du bazar, une plus grande rue recouverte de terre battue, avec des trous énormes. C’est sale. On dirait qu’un tremblement de terre a oeuvré. C’est assez surprenant, déroutant.

La foule et l’atmosphère m’angoisse. Je déniche quelques babioles mais je suis un peu déçue car je ne retrouve pas certains objets vendus dans le sud. Il n’y a pas à dire, je préfère le sud !!

Un petit rafraîchissement dans un café avant de remonter dans le bus.

A midi, nous déjeunons à bord d’un bateau ancré sur le Nil. Chouette, je suis contente, je retrouve l’ambiance de Princesse Sarah ! Ça apaise mon angoisse persistante.

Après déjeuner, en route pour le musée du Caire.

Là encore, c’est grandiose. Ils ne savent rien faire en petit ces égyptiens ! Il y a un monde fou. Un brouhaha assourdissant emplit nos oreilles. Difficile d’entendre le guide qui nous transmet pourtant des choses très intéressantes.

Il y a de très belles pièces de collection de toutes sortes. Mes yeux pétillent de bonheur en regardant toutes ces merveilles.

Il fait chaud. J’ai chaud. La station debout est pénible. Je sens le malaise qui monte le long de ma colonne. Vite, il faut que je m’assois. Je m’écroule au pied d’une statue et je respire un grand coup. J’ai oublié ma bouteille d’eau, une petite gorgée m’aurait pourtant fait du bien. Je n’entends plus le guide, il est trop loin. J’apprécie pourtant ses discours mais j’ai besoin de souffler un peu. J’envie les grandes oreilles de vaches de la déesse Hathor !

Nous poursuivons en montant à l’étage. Heureusement pour moi, nous faisons une halte dans les escaliers ou tout le monde s’assoit. Cinq minutes plus tard, il est difficile de se relever et pourtant la visite continue!

Nous cheminons devant des vitrines de bijoux. Ça fait rêver, je veux les mêmes !!

Puis, je choisis une poterie par ci, une par là. Je me verrai bien avec un chariot pour faire mes emplettes !

Voilà le malaise qui revient. Je décroche à nouveau et j’ai la chance de trouver un siège, un vrai. La visite guidée est presque terminée, je peux me reposer un peu. Je zappe malheureusement les dernières explications. Excusez-moi Maamoun…

Nous avons quartier libre. Je vais visiter la salle des momies, c’est impensable de repartir sans avoir vu les momies ! A mon goût, les plus belles sont celles de Sethi et de Ramsès. Quand on songe à l’âge de ces pharaons, ça paraît invraisemblable de les voir là devant nous presque en chair et en os, surtout en os ! Ramsès était un grand homme dans tous les sens du terme.

Enfin, c’est Toutankhamon qui nous dévoile ses trésors. Son masque est d’une rare beauté.

17H30, c’est l’heure de la sortie, tous les Ramsès se retrouvent devant le musée pour rentrer à l’hôtel.

La nuit commence à tomber. La circulation est toujours aussi dense. Les klaxons hurlent dans tous les sens. C’est un impressionnant spectacle, il faut le voir pour le croire.

Avec des gestes acrobatiques, nous tentons de prendre les pyramides en photo à travers les vitres du bus.

Après le dîner, le groupe se retrouve pour un dernier verre au bar. Le chanteur est toujours là, sur la scène au fond de la salle mais nous n’y prêtons pas grande attention.

22H45, le marchand de sable est passé, tout le monde au lit !

 

 

Vendredi 26 Octobre

 

Départ 8H en direction des pyramides. Il fait bon, la chaleur est moins forte que dans le sud.

Je suis impatiente, à près tout l’Egypte c’est d’abord les pyramides dans l’esprit de tout étranger qui se respecte !

A peine quelques minutes de trajet et nous voilà devant la grande pyramide de  Khéops.

C’est monumental ! Nous sommes minuscules, ridiculement minuscules !

Il y a déjà foule. Des bus sont parqués un peu partout. Il faut se plier à la fouille traditionnelle pour accéder au site.

Un peu plus loin, se dresse la pyramide de Khéphren, un peu plus petite mais tout aussi grandiose.

Une fois contournée, on se retrouve devant une troisième pyramide, celle de Mykérinos, encore plus petite (enfin disons moins grande !)

Quand on sait que les ordinateurs n’existaient pas en ce temps là, on ne peut qu’être admiratif en constatant cette architecture. Les pentes des pyramides sont dans un alignement parfait. Pas un défaut d’angle. C’est stupéfiant ! Bravo Imhotep !!

Le panorama qui s’offre à nos yeux récompense notre venue au Caire. D’un côté, il y a la ville où les immeubles et les mosquées s’enchevêtrent dans un méli mélo. De l’autre, sans transition, il y a le désert avec ses dunes de sable à perte de vue. Des dromadaires promènent des touristes alors que l’on entend presque les klaxons de la ville. C’est inouï et irréel.

Je touche les pierres pour bien m’imprégner de la magie des pharaons et de leurs dieux.

Je recherche à tout prix leur protection, on ne sait jamais, la magie pourrait agir…

En contrebas, derrière la pyramide de Khéops, se dresse le sphinx sur le plateau de Guizeh.

Pour nous en approcher, nous passons devant un puits au-dessus duquel il est de coutume de faire un voeu en lançant une pièce. Je ne résiste pas à la tentation, trop heureuse de solliciter les dieux égyptiens. L’avenir me dira s’ils m’ont entendue…

 

« Demande de l’aide au pharaon, il t’entendra »

 

Ensuite, nous empruntons un couloir bondé de touristes. C’est le métro Châtelet à l’heure de pointe !

Majestueux, le sphinx nous toise de toute sa hauteur. Le guide nous demande si nous connaissons l’auteur du nez cassé. D’emblée, je réponds « Obélix », faisant référence au film Mission Cléopâtre. Des rires accueillent mes connaissances historiques !

A propos, Maamoun nous a appris que Cléopâtre n’était pas Egyptienne mais Grecque. Ça, c’est un scoop !

Maamoun nous entraîne dans une bijouterie non loin du site. C’est une vraie caverne d’Ali Baba ! Que de trésors ! Il y a des magnifiques bijoux en or, en argent et en pierres précieuses. Je commence par ces dernières : je fais l’acquisition d’un collier en lapis lazuli et un autre en améthyste. Je poursuis par le rayon argent dans lequel je choisis des petits scarabées et des têtes de Néfertiti incrustés de turquoise pour des petits cadeaux. Je n’ai malheureusement pas le temps de fureter du côté de l’or. Dommage, je serai bien restée quelques minutes de plus,  juste pour le plaisir des yeux ! Je suis la dernière à monter dans le bus.

Nous nous dirigeons vers un restaurant en plein air pour le déjeuner. De nombreux touristes y sont parachutés. Le repas n’est pas franchement digne d’un 4 étoiles mais l’ambiance est conviviale.

Notre promenade se poursuit sur Memphis où nous découvrons la statue couchée de Ramsès, très impressionnante par sa taille. Dans les jardins trône un imposant sphinx.

Enfin, nous arrivons à Sakkarah où est édifiée la pyramide de Zoser. C’est une pyramide à degrés, la première et par conséquent la plus vieille pyramide. Mais comment ont-ils réussi cet exploit, avec les moyens de l’époque ? C’est un vrai mystère.

Le désert nous entoure apportant une certaine quiétude, un bien être.

Maamoun et ses maamounettes posent pour une photo souvenir au pied de la pyramide.

C’est un moment solennel chargé d’émotions intenses.

La route du retour est chaotique, je suis à l’arrière du bus, ça secoue beaucoup. Nous longeons des palmeraies alternant avec des cultures. J’aperçois d’énormes choux. On a parfois l’impression de distinguer une décharge à cause des ordures qui jonchent le sol, ça gâche un peu le plaisir.

Nous retournons à l’hôtel pour une petite heure. J’en profite pour le visiter, je n’en ai pas encore eu le temps. Il y a un joli jardin verduré et une très belle piscine. Jouxtant cette dernière, une terrasse nous permet d’admirer les pyramides. Ce n’était vraiment pas la peine de se contorsionner dans le bus, on peut faire de très jolies photos d’ici !

18H45, c’est l’heure de notre dernière sortie pour assister à un son et lumière sur le plateau de Guizeh. Cette fois, nous sommes assis durant tout le spectacle. J’ai un peu froid malgré ma petite laine. Le laser projeté sur les parois nous entraîne plus de 4000 ans en arrière au milieu des pharaons. Je jurerais que c’est Ramsès qui est assis près de moi ! Je ne trouve pas d’autre mot que « Magique » !

Un dernier clin d’œil au sphinx et nous retournons à l’hôtel. Le dîner me semble morose, nous sommes tous tristes, un peu absents. Même les pâtisseries ne parviennent pas à me consoler.

Nous nous regroupons au bar pour un dernier pot, le pot de l’amitié.

 Nous échangeons les adresses, nous promettant de correspondre par mail.

Une petite heure nous est accordée pour faire nos bagages et nous reposer.

Ma valise est vite bouclée, qu’importe le rangement, tout est sale.

Impossible de me reposer, je ne veux pas, je ne peux pas dormir maintenant alors qu’il ne me reste que quelques minutes à vivre sur le sol égyptien.

Tout à coup, j’entends puis j’aperçois un feu d’artifice. Je me précipite sur la terrasse de la chambre. Je ne sais en quel honneur il a lieu mais je remercie le ciel, c’est un bel au revoir.

 

 

Samedi 27 Octobre

 

Il est 1H du matin, réunis dans le hall autour de notre guide si sympathique, nous le remercions lui chantant « Adieu M. le professeur ». Je lui avoue qu’il a beaucoup contribué à la réussite de ce voyage et qu’il a même réussi à diminuer ma peur de la mort en évoquant la sublimité du voyage des pharaons vers l’au-delà. Il me serre gentiment dans ses bras. L’émotion nous envahit tous, les yeux sont embués.

1H30, en route pour l’aéroport du Caire. Un ultime regard vers les pyramides éclairées et nous voilà plongés dans le Caire by night. La circulation est toujours très dense même à cette heure de la nuit. Les klaxons résonnent comme en plein jour. Les magasins restent ouverts nuit et jour aussi, ce qui accentue la féerie des rues.

A notre arrivée dans l’aérogare et après une première fouille, nous avons juste le temps d’enregistrer nos bagages pour un embarquement immédiat. Enfin presque car il y a la queue, j’ai le temps d’aller aux toilettes, c’est l’émotion…

Deuxième fouille pour la salle d’embarquement. Nous transportons le petit déjeuner que l’hôtel nous a fourni. Les boissons sont confisquées, elles ne sont pas autorisées. Miraculeusement, je passe incognito avec ma boisson !

Il est 3H50 quand nous nous installons dans l’avion.

C’est un Boeing 737 qui nous ramène à Paris. Rien à voir avec le 797 ! Pas de film, pas de place pour allonger ses jambes. L’équipage peu aimable ne parle pas le français. Même l’accès aux toilettes est limité. Alors que de nombreux Ramsès se reposent, je dirai même dorment, les hôtesses allument les lumières sans crier gare pour nous servir un petit déjeuner bien sec.

Je crois bien que mes bouchons d’oreilles sont hors service, ils ne me sont d’aucune utilité. Mes tympans sont douloureux..

Nous atterrissons à 8H30 à l’aéroport Charles de Gaulle. La température extérieure est de 9°.

Les bruits autour de moi sont étouffés, j’ai du coton dans les oreilles.

9H30, nous récupérons nos valises, c’est bon elles sont entières.

Quelques embrassades pour nous dire au revoir.

Ça y est, c’est bien fini…Chacun se disperse, les uns vers les navettes, les autres vers leurs voitures ou vers le train. A propos de train, j’ai bien fait de conserver mon billet de TGV pour rentrer car c’est Air France qui est maintenant en grève !

Encore quelques heures et je retrouve les palmiers d’Avignon.

Toutes les divinités (Amon, Horus, Hathor, Isi, Osiris, Ra et Sobek) planent encore au-dessus de ma tête et me sussurent ce joli proverbe :

"Qui a bu l'eau du Nil reviendra toujours s'y désaltérer"

 

Merci à tous mes compagnons et nouveaux amis pour ce voyage PHARAONIQUE, merci à tous les amis et à la famille qui m’ont soutenue l’an dernier :   je n’aurais peut-être pas eu la force de lutter toute seule.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Commentaires
D
Après ce fabuleux récit je viens de visionner les photos magnifiques de ton voyage.<br /> Je voie que tu en as bien proffitée malgré quelques fatigues!<br /> Mais quel beau voyage tu as fait.<br /> Il va rester gravé à jamais.<br /> Gros bisous.<br /> Daniel
D
Bonsoir Maryse<br /> Je viens de lire ton récit et grace à toi je viens de faire un fabuleux voyage !<br /> Tu sais tu vaux bien plus que vingt chameaux pour moi.<br /> Merci pour ce captivant témoignage minute par minutes !<br /> C'estt vraiment super et captivant.<br /> Gros bisous A + <br /> Daniel
M
C'est super! J'ai tout lu, il manque quelques phrases à la fin, non?<br /> En tout cas, on ressent bien votre émotion et j'ai beaucoup imaginé les choses, les lieux en vous lisant! Vivement le livre!!!
Derniers commentaires
Publicité
Publicité